J’ai entendu plusieurs fois exprimer par des pratiquants la difficulté à dire ce qu’est l’EUTONIE. En fait, on peut trouver dans un certain nombre de livres ou d’articles de très bonnes explications et même plus que cela; le problème est plutôt, en tout cas en ce qui me concerne et donc de mon point de vue, de transmettre avec des mots l’expérience vécue.

Pour ma part et après des années de pratique elle m’apparaît comme un cheminement personnel, non linéaire, m’amenant dans la durée à des transformations de ma manière de vivre sur plusieurs plans : corporel, psychologique, psychique, spirituel. Je pourrai appeler cela un art de vivre, si le terme n’était pas souvent consommé à toutes sortes de sauce.

Liberté

Quand j’ai, par hasard, découvert l’Eutonie, en tout cas telle que la fait pratiquer Françoise Marie Gauthier, j’avais derrière moi un certain nombre de rencontres avec des disciplines diverses, plus ou moins de même ordre, que je ne renie d’ailleurs en aucune façon pour la plupart et, pour certaines, que je continue à pratiquer. Ce qui m’a le plus fort impressionnée et conquise c’est la notion de LIBERTE. Si je cherche à analyser d’où elle vient, c’est tout d’abord, à l’intérieur d’une grande rigueur quant au respect des bases et de la nature même du travail de l’eutonie, l’absence totale de jugement de valeur sur la personne et sur son expression corporelle, verbale ou artistique.

C’est aussi qu’à l’intérieur de directives très claires et souvent très précises, aucune suggestion n’est jamais donnée sur ce qui peut se passer dans la manière dont va se réaliser l’exercice et surtout les ressentis qui vont y être liés. Les échanges verbaux introduits en cours ou en fin de séance permettent de constater l’extrême variété du vécu de chacun : confort ou inconfort, chaleur ou fraîcheur, enthousiasme ou ennui, etc. Apparemment banal, ce constat répété et approfondi ouvre sur un regard différent, sur les autres et sur soi-même.

Unicité

Cela, fait partie d’un chemin d’appropriation de son être, dans toute son acception, dans toutes ses dimensions, dans toute sa singularité éminemment respectable. Car le second mot que je mettrai en écho au mot Eutonie est l’UNICITÉ. La pratique amène peu à peu à se découvrir soi même, tout concrètement dans la connaissance du corps, de la manière dont se disposent les os, les muscles, dont fonctionnent les articulations, l’examen du squelette à disposition aidant au repérage, connaissance aussi d’une autre nature, plus profonde, quand les ressentis font remonter à la surface des éléments de l’histoire personnelle de chacun que le travail corps parole libère.

Le terme de « VIVRE EN PLEINE CONSCIENCE » reste celui qui me semble le mieux exprimer l’Eutonie et tout ce qu’elle offre pour aller vers ce but, jamais totalement atteint.”

France Gabrielle Brun