LES PRINCIPES FONDATEURS DE LA METHODE

L’eutonie, une formation internationale

« L’eutonie permet d’établir ou de ré-établir le contact- la mise en relation- avec ses propres qualités mentales, physiques et émotionnelles, grâce à une attitude de conscience corporelle et spirituelle juste » (Françoise-Marie G.Establet 2016)

La clef pour une eutonie en pleine conscience

Il n’est pas nécessaire d’entrer dans un conditionnement, ni dans des suggestions, pour se libérer des tensions parasites ou des dystonies. Une situation ou un principe est choisi, et l’élève s’appliquera simplement à être là et à observer ce qui se passe tout en « étant acteur » de son mouvement, de sa posture. Les principes émis par Gerda Alexander et pratiqués par tous sont issus des lois de la physiologie, de la bio-mécanique des systèmes vivants, de la connaissance approfondie de la nature humaine, et de la place de l’humain dans le cosmos ; leurs développements et leurs maintiens orientent la vie présente et future dans une direction saine. C’est une des conditions pour la santé.

La boite à outil de l’eutoniste :

  • Eveil (et développement du sens) du toucher conscient :

   « Toucher est en même temps une relation et une séparation » Novalis

Le toucher (le tact) participe à notre perception du monde grâce aux organes tactiles, nos corpuscules sensoriels. Ex: toucher la texture  de ce vêtement, sentir la pression de la main sur la table.  La peau, comme organe sensoriel, « donne au corps sa silhouette (gestalt) par laquelle il se délimite par rapport au monde environnant, qui lui, le touche de tout part » Peau frontière mais aussi, physiquement, peau consistance, peau résistance pour nous donner la perception des  couches (épaisseur), des masses (poids volume) de l’espace intérieur (vitalité). Au niveau du sentiment, le toucher nous renseigne l’impact du monde en nous. Le bon développement du « sentir » est  essentiel : il est à la fois  le liant et le contenant  de tous nos  sens

Comment cela se passe ? « Par des tapotés, des effleurés, des glissés des frottés, des étirés, les roulés de la peau … »

  • Eveil au contact: de la perception du monde alentour au sens d’autrui.

« Cela même qui est en dehors de moi, est en moi, est mien – et inversement »
Novalis

De sentir nait la possibilité « d’aller » plus avant vers le monde extérieur, de percevoir les objets, de les saisir et de s’en servir. Ex : la cuillère, la raquette, le vélo. Nous utilisons consciemment le contact pour améliorer la tenue de notre outil, de notre instrument. Ainsi, par le contact nous appréhendons le réel en nous enrichissant d’informations. Mais pas seulement. Il y a une interpellation du monde vers nous. Il se crée une relation, que nous le voulions ou non, un aller retour (boucle feedback). Notre toucher (tact) alors se diversifie et s’enrichit de cette  rencontre. Il ouvre à la sensibilité de l’Autre en soi. Nos fameux neurones « miroirs », découverts par les sciences, permettent de ressentir en soi jusqu’au plaisir et à la douleur de l’Autre. Dans le contact conscient en Eutonie, cette faculté est développée de soi à soi (entrer en contact avec une partie du corps, un organe), de soi à l’autre (par des exercices qui favorisent la perception de l’unité et du tonus chez autrui), soit en touchant, soit à distance à travers l’espace.

Naissance de la compréhension (prendre en soi), de l’empathie, de l’amour inconditionnel conscient.   

 Comment cela se passe ?  « Contact avec des vecteurs, des objets (balle bambou) à travers l’espace, à distance… dans le respect qui est dû aux êtres et aux choses. Contact pour libérer d’une douleur, d’une oppression chez soi et chez autrui »

  • Éveil à la vitalité :

« Invisibles et pourtant là, courants et rythmes parcourent sans se lasser, l’espace et le temps.. »

Nous faisons l’expérience d’habiter notre corps dans son espace limité, et par ailleurs de pouvoir « sortir de lui », en allant vers  le monde. Nous le faisons parce que nous le ressentons pénétrés de vie. Parce que nous sommes léger(e)s, gai(e)s, ou bien parce que nous sommes fatigué(e)s, épuisé(e)s. Ces différents états toniques vont guider, parfois à notre insu, nos attitudes, nos comportements, et vont conditionner  nos jugements, nos critiques, finalement notre vie.

Comment cela se passe ? « S’éveiller  aux sensations, au ressenti sans jugement ni à priori, être à l’écoute, ça s’apprend ! »  

  • Éveil et libération du mouvement :

Le mouvement est langage, et langage naturel. Grâce à de récepteurs sensoriels, nous sommes renseignés sur les positions et les mouvements de notre propre corps (l’activité musculaire). Libérer son mouvement peut-être soit un lâcher musculaire, soit un déploiement de la force maximale, globalement ou localement, avec une dépense d’énergie minimale. Le mouvement eutonique devient “léger”, économique, de la lenteur contrôlée  à  la rapidité consciente, où seuls les muscles concernés sont mobilisés, le reste du corps gardant son tonus de base. La perception de la légèreté dans le métabolisme libère des émotions négatives et des pensées obsédantes

Devenir agile, être à l’aise lorsque nous bougeons, efficacité du geste conscient, et connaitre les bienfaits du lâcher-prise.

Comment cela se passe ? « Étirement naturel, repousser dans les appuis,  prolongement dans l’espace, mouvements lents, mouvements actif-passif réalisés par soi-même, et passifs par autrui … de l’alternance  par action-réaction »

  • Éveil de l’équilibre :

 « La vie même sous forme d’une ligne verticale qui vibre, fine comme le fil le plus fin d’une épée aiguisée » Gitta Mallasz

 En surmontant la pesanteur, en se redressant sur les deux pieds et en portant la tête en équilibre, nous avons fait l’expérience du haut et du bas. Quand l’équilibre est acquis, nous intégrons la droite et la gauche, l’avant et l’arrière : toutes les directions de l’espace s’organisent en nous en un espace construit à l’intérieur. Nous nous ajustons en permanence grâce aux forces conscientisées de la répartition du poids du corps. Un juste équilibre est à trouver : entre pesanteur et légèreté, profondeur et hauteur, ombre et lumière. Ainsi vivre dans un rapport conscient de nos opposés, du réel au symbolique « être debout, droit, se tenir debout ».

 Comment cela se passe ? « Par de la place et usage de nos os (direction, poids, résistance), par l’usage conscient de nos réflexes posturaux…  l’usage de la marche consciente. »                                                                                         

Harmonisation eutonique par l’inventaire ou scanner :

L’inventaire du corps en repos, est pratiqué par l’observation fluide et soutenue, guidé ou auto guidé. Généralement il se pratique couché, mais peut se réaliser dans tous les contextes. Il vise à rendre réel par la prise en compte des appuis, du poids du corps, de la résistance du sol. Il permet de sécuriser les limites de la peau par la recherche de la forme, des volumes et à dynamiser l’unité du corps (les os, les muscles, les organes, les fluides …). Il élargit le niveau de conscience par la découverte des espaces intérieurs et des biorythmes.

Comment cela se passe ?  « il s’agit d’énumérer pas à pas les différentes parties du corps sans aucune induction, jusqu’à percevoir à la fin du parcours le corps en entier dans son contexte (ressenti global ou état d’eutonus ).

 L’inventaire se déroule selon un thème choisi : le poids du corps ou les  appuis, le volume, la position … Les effets ressentis peuvent être à titre exemple : la modification de la perception du poids (lourd-léger), des volumes (élasticité), de l’espace (plasticité), de la chaleur (intensité), du rayonnement et des rythmes (abolition de la notion espace-temps) ».

  • Le sentir respirer, la respiration libérée :

« Tout monte et descend, va et vient, inspire et expire en ce monde » 

Elle se manifeste naturellement dans les étirements et dans le bâillement conscient, et assure un équilibre correct que seul la Nature sait faire. Lorsque nous nous trouvons dans de bonnes conditions et en lui donnant toutes les chances de se déployer librement dans nos espaces intérieurs, le diaphragme devient libre.

Nous n’allons pas créer les modèles rythmiques ou d’amplitude. L’accent est mis sur la normalisation de la respiration sans contrainte, sans créer de modèle mécanisant et artificiel. La respiration pulmonaire et celle de la peau  sont « par nature neuro-végétative et inconsciente »La sphère rythmique coeur poumons a une capacité extraordinaire à « comprendre » quoi faire et comment faire  aux moindres changements des besoins vitaux. Notre volonté d’action se portera sur le diaphragme sur les capacités extraordinaires d’un muscle puissant et central et sur le humage, le sentir respirer.

Comment cela se passe ? « Cela consiste à observer la respiration naturelle, normale, telle qu’elle entre et sort par les narines  C’est simple et aide à calmer et à concentrer l’esprit. En activant la peau et  « le masque » Toute la panoplie des techniques du toucher et contact conscients. Les gestes passifs et auto passifs. Lâchons les commandes pour « aller voir comment cela se passe ! Lorsque la régulation tonique le permet, connaitre et se  servir volontairement du diaphragme »

 «  En agissant au moment juste, nous sommes cette ligne – dans l’ici et maintenant – et vivants. Si nous nous précipitons, nous sommes dans l’avenir : la mort par-devant. Si nous tardons, nous sommes dans le passé : la mort par-derrière. En agissant au moment juste, nous sommes en contact avec l’éternité. » Gitta Mallasz